Le Sacre du Printemps

La musique de Stravinsky et la chorégraphie de Pina Bausch sont à l’origine de mon travail présenté ici. Avec cette recherche, je poursuis ma quête sur le féminin, sa porosité et son « inquiétante étrangeté ». Il s’agit essentiellement de mon regard sur ces figures et de celui que je leur invente.

 Ce ballet m’a longtemps fascinée sans que j’en comprenne d’abord le sens. Et si j’ai voulu en approfondir la recherche, c’est qu’à travers le sacrifice qu’il glorifie, le Sacre du printemps n’en demeure pas moins l’histoire d’un féminicide. Les grands chorégraphes du 20ème siècle qui s’emparent tour à tour de l’œuvre de Stravinsky ne l’ignorent pas. La scène de viol esthétisée à l’extrême sera pour Pina Bausch notamment, l’opportunité de parler de la mécanique d’exclusion que subissent les femmes violées.

Voici donc l’argument du « Sacre » …il n’y a ni histoire, ni intrigue, mais deux parties, deux actes.

« Une jeune fille danse jusqu’à épuisement de ses forces devant un groupe de vieillards fabuleusement âgés, desséchés, presque pétrifiés. Cette jeune fille, c’est le printemps lui-même, comme le bourgeon, matière molle, qui perce tout de même la carapace en redonnant vie au corps lignifié de l’arbre. Mais dans son cas, l’image sexuelle demeure… » A. Schaffner

Le Sacre du printemps apparait bien à l’époque, en 1913, comme une création révolutionnaire. Le ballet chorégraphié par Nijinski va marquer l’histoire et représenter le moment fondateur de la danse contemporaine. Lors de sa première représentation, il fait l’objet d’un scandale, son accueil est extrêmement chahuté par le public à tel point que les danseurs n’entendent pas l’orchestre, c’est un éloge sonore de la barbarie.

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Mars 2022

Laurence Buaillon